Qu’est-ce que la dialyse incrémentale ?

Pascale Lefuel le 4 mai 2018

calendrier avec des punaises indiquant des datesLorsque le moment est venu de commencer un traitement de substitution de la fonction rénale, que ce soit l’hémodialyse (HD) ou la dialyse péritonéale (DP), le néphrologue va établir le programme de dialyse.

La prescription peut être :

  • Standard telle que les recommandations internationales le préconisent :
    3 séances de 4 heures par semaine pour l’HD ou
    4 échanges par jour pour la DP
  • Personnalisée, on parle alors de dialyse incrémentale :
    À titre d’exemple : 2 séances de 3 ou 4 heures par semaine pour l’HD ou
    2 échanges par jour pour la DP

Le concept de dialyse incrémentale tient compte de la fonction rénale résiduelle (FRR). C’est la capacité restante qu’ont les reins à effectuer la filtration du plasma sanguin. La FRR est mesurée par la clairance mixte de l‘urée et de la créatinine sur une récolte urinaire de 24 h 001.

Ce calcul permettra aux néphrologues d’adapter la dose de dialyse aux besoins de chaque patient. C’est en quelque sorte une entrée en dialyse progressive, par palier, qui sera modifiable selon certains critères cliniques et/ou biologiques.Personnage stylisé regardant à la loupe le pour ou le contre

 

Selon la publication parue dans l’American Journal of Kidney diseases2 , 10 critères ont été retenus afin de mieux identifier quel patient pourrait bénéficier de cette introduction en douceur vers la dialyse :

  1. la Fonction Rénale Résiduelle (FRR), avec une clearance à l’urée > à 3ml/mn/1.73 m2 et une diurèse > à 0.5 L/jour
  2. l’état d’hydratation (œdèmes…)
  3. les symptômes cardio-vasculaires (HTA…)
  4. l’IMC : indice de masse corporelle (25>IMC normal>18.5)
  5. le taux de potassium et de phosphate plasmatique
  6. l’état nutritionnel (albumine, npcr)
  7. taux d’hémoglobine (anémie)
  8. les comorbidités (autres maladies)
  9. les hospitalisations
  10. la qualité de vie

Pour le néphrologue prescripteur, ces critères seront des indicateurs précieux pour suivre la bonne dialysance, et réajuster si nécessaire la dose de dialyse : le temps et/ou la fréquence.

Cette étape qu’est la dialyse incrémentale est une période transitoire vers la dialyse chronique. Elle permet de maintenir une qualité de vie durant la première année, en réduisant les temps de présence dans les centres de dialyse, en protégeant les accès vasculaires (ponctions moins fréquentes) et en minimisant les coûts de la santé.

Pour des patients souffrant d’une Insuffisance Rénale Chronique (IRC), un suivi néphrologique régulier permet de mieux préparer cette échéance de la dialyse, et ainsi de diminuer les complications inhérentes à une situation d’urgence.

La décision d’initier le traitement de dialyse sera prise par le néphrologue, en concertation avec le patient, en fonction du contexte de chaque patient, de son état clinique, de sa symptomatologie et de ses examens biologiques.

Si les critères le permettent, débuter de façon progressive et adaptée telle que la dialyse incrémentale, devrait améliorer le pronostic et la qualité de vie des patients.

Pascale LEFUEL, ISC Néphrologie

Merci au Pr P. SAUDAN pour sa relecture 

 

 

Réf. :

  1. Tour d’horizon de la dialyse péritonéale : Stéphanie LAPERROUSAZ & Valérie JOTTERAND DREPPER – Rev –Med Suisse 2016
  2. Hémodialyse incrémentale deux fois par semaine comme initiation au traitement par épuration extra rénale : KALANTAR-ZADEH et al. Am Journ of Kidney Diseases, Vol 64, Issue 2, p 181-186, Aug 2014.

Publié par Pascale Lefuel

Infirmière spécialiste clinique de néphrologie.

Un commentaire

  1. La dialyse péritonéale me semble être une bonne méthode pour faire de la dialyse incrémentale.
    Salutations à tous

    Répondre

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *