nPCR expliqué simplement et dénutrition en dialyse

Bernadette Gombert le 15 janvier 2016

nPCR: ce terme est assez mystérieux pour beaucoup de personnes en dialyse. Pourtant les médecins néphrologues en tiennent compte lors de la prise en charge des patients en hémodialyse et en dialyse péritonéale. La dénutrition est un problème  fréquent et quelquefois grave chez les patients dialysés chroniques.  La cause principale est une réduction spontanée des apports caloriques en lien avec un manque d’appétit. La toxicité urémique liée à l’insuffisance rénale en est la cause. Les patients en dialyse imputent également au nombre important de médicaments prescrits de leur couper l’appétit.

Qu’est- ce que le nPCR ?

Le nPCR (normalized proteïn catabolic rate) ou taux de catabolisme protidique normalisé, évalue la quantité de protéines (ou protides) prise par un patient entre deux dialyses. Exemple: un nPCR = 1 correspond à un apport de 1g/kg/jour de protéines ingérées par le patient, donc s’il pèse 60 kg, il a consommé 60 g de protéines en une journée. Ce n’est pas un résultat satisfaisant car il ne faut pas oublier qu’il y a une perte de protéines à chaque hémodialyse. Cette perte est présente également en dialyse péritonéale. Si le résultat est un nPCR inférieur à 1 , on retient un critère de dénutrition.

vieilles mains

La dénutrition en dialyse est un facteur de mortalité, il est donc essentiel d’aider les patients à conserver ou à regagner un bon état nutritionnel.  (Photo: Pierre Gable. poesie.herbierdesmots.pagesperso-orange.fr)

Comment calcule-t-on le nPCR ?

Il existe de nombreux logiciels qui permettent ce calcul très rapidement. L’un d’entre eux se trouve le site de l’Association des Néphrologues du Centre Auvergne  (ANCA) Il suffit d’introduire dans le tableau le poids du patient en début et fin de dialyse, puis le taux d’urée dans le sang en début et fin de dialyse en précisant l’unité (mmol/l ou g/l) il faut aussi noter le temps exact de l’hémodialyse. C’est le même tableau qui calcule le Kt/V (voir article: le Kt/V expliqué simplement). Dans notre service, aux Hôpitaux Universitaires de Genève, le nPCR de chaque patient en hémodialyse est calculé 1 fois par trimestre.

 La cible du nPCR que nous nous donnons est  : supérieure ou égale à 1,2.

Si cette cible n’est pas atteinte, une consultation avec la diététicienne s’impose. Elle va estimer les apports alimentaires, l’appétit et interroger sur les habitudes  du patient. Grâce à cette enquête et en étudiant les paramètres anthropométriques (poids sec, taille, BMI)  le néphrologue recherchera les orientations à prendre. Des collations “protéinées” sont données systématiquement à chaque hémodialyse. Des suppléments nutritifs oraux (SNO) sont proposés. Il en existe de nombreux avec des goûts différents (chocolat, vanille, café, fraise…etc) Le plus souvent les patients les préfèrent froids ou même glacés en été.

Ernährungsautomat

L’alimentation entérale s’administre à l’hôpital ou à domicile par une sonde passée par le nez. La solution nutritive est donnée sur plusieurs heures pendant la nuit grâce à une pompe comme celle-ci qui permettra l’ingestion lente et assimilable par le patient (photo: personnesagees.membractif.com)

Si malgré tout cela, la personne n’arrive pas à augmenter son “bon poids” (appelé poids sec), on peut proposer une alimentation entérale avec une sonde gastrique qui apportera un apport nutritionnel supplémentaire par exemple pendant la nuit, pour permettre au patient de s’alimenter normalement la journée. La négociation avec le patient est souvent difficile car il faut accepter l’inconvénient supplémentaire de la sonde gastrique.

nutriflex

La NPPD se présente comme une perfusion qui est délivrée pendant l’hémodialyse. (photo: nutrition-partner.com)

Une autre solution est encore envisageable, c’est la nutrition parentérale perdialytique. (NPPD)  que l’on administre, pendant l’hémodialyse,  en intra veineux. C’est une perfusion de nutriments adaptés à la situation. Cette solution, plus facilement acceptée par le patient, est toutefois moins efficace que l’alimentation entérale, car administrée que 3 fois par semaine. En cas d’apports alimentaires inférieurs à 20 kcal/kg/jour, la NPPD qui délivre tout au plus 500 kcal/jour n’est pas conseillée. de plus la NPPD reste un risque supplémentaire à l’infection aussi il est préférable de recourir à la nutrition entérale par sonde nasogastrique. La NPPD est indiquée lorsque le patient consomme au moins  20 kcal/kg/jour, elle doit être associée à une supplémentation orale.

Les néphrologues estiment aussi la dénutrition de leurs patients en dialyse avec d’autres marqueurs que le nPCR: l’inappétence, la diminution des apports protéinés, la perte de poids > 10% en 6 mois, un BMI < 20 kg/m2, une albuminémie inférieure à 35 g/l et une préalbuminémie < 0.3 g /l

Les recommandations actuelles sont de 30 à 35 Kcal/kg/ jour d’apport énergétique et 1,2 g/kg/jour d’apport protéique. Ce qui veut dire qu’une personne en dialyse doit consommer au moins cela pour préserver une bonne qualité et espérance de vie, car la dénutrition associée à l’inflammation chronique majorent  le risque de  complications graves.

Sources:

http://www.afidtn.com/medias/annuaire_bibliographie/124_template.pdf

https://vincentbourquin.files.wordpress.com/2009/12/evaluation-npcr-en-dialyse.pdf

https://vincentbourquin.files.wordpress.com/2011/02/nutrition-perdialytique.pdf.

http://www.nephro-anca.com/ktv.asp

ecole-de-la-denutrition.com

personnesagees.membractif.com

nutrition-partner.com

Publié par Bernadette Gombert

2 commentaires

  1. Philippe AUVRAY 5 mars 2018 à 22 h 58 min

    Merci pour cette explication d’une grande clarté, simple mais pas simpliste. Une très belle synthèse sur un sujet important pour les patients dialyses.

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